Le parfum de la nuit, épais et sucré, comme le nectar d'un fruit interdit, enveloppe mes sens. Je suis Enzo Enzo, ou plutôt, je suis ce que les autres appellent Enzo Enzo. Mais le nom, comme un vêtement trop grand, ne me colle pas. Il est vide, un écho dans la vaste cathédrale de mon existence.
Je me souviens de l'appartement, petit et encombré, au cœur d'une ville qui respirait le chaos et le mystère. Le bruit des voitures, un murmure constant, se mêlait aux cris des enfants dans la rue, aux rires étouffés qui montaient des fenêtres des voisins. Chaque son, chaque vibration, se transformait en une onde, une vague qui me submergeait. Et moi, je voulais m'enfuir, me dérober à ce déluge de sensations. Mais où trouver refuge ?
Mon corps, un temple fragile, était le lieu de mes expériences les plus intenses. J'étais un terrain de jeu pour les désirs, pour les pulsions, pour les frustrations qui s'épanouissaient en moi comme des fleurs sauvages. Les moments de joie étaient si fulgurants qu'ils laissaient des cicatrices profondes dans mon âme, comme des souvenirs gravés dans le marbre. Les instants de tristesse, eux aussi, se gravaient à jamais, des empreintes indélébiles.
Les femmes, des énigmes. Des constellations lumineuses dans le ciel de ma vie. Chacune d'elles était une planète, différente, unique, avec son propre système de lois et d'attractions. Je les ai aimées, oui, mais jamais sans une pointe de peur, une crainte de perdre cette part de moi-même qui se transformait en un déluge d'émotions. Une passion dévorante, une flamme qui consumait tout sur son passage. Et les désirs les plus fous, les plus audacieux, les plus secrets, se manifestaient dans des lieux insolites.
Un soir, la nuit était noire, comme l'encre d'un écrivain désespéré. Le vent sifflait dans les conduits d'aération du vieux bâtiment. Je me suis retrouvé dans un jardin, caché derrière un mur de glycine en fleurs. La lune, un disque d'argent, éclairait la scène. Il y avait une certaine... beauté dans la débauche. Le parfum de la terre humide, le murmure des feuilles dans le vent, le soupir de quelqu'un dans la nuit. Et puis une autre présence, inconnue, qui se glissait dans la mienne. Une danse sensuelle sous un ciel étoilé, un rendez-vous inoubliable dans un endroit où les frontières entre la réalité et le rêve se sont effacées. Un lieu où les mots se sont transformés en soupirs, en caresses, en un langage sans paroles. Un lieu où le désir s'est transformé en explosion. Un lieu où j'ai trouvé une étincelle, une part de moi-même cachée, enfouie, une étincelle qui a allumé une flamme.
Mais le feu, comme toutes les choses, devait s'éteindre. La flamme s'est consumée, la nuit s'est dissipée, et le jardin est redevenu silencieux. Le lendemain, la ville me regardait avec ses yeux froids, impitoyables. Et moi, je me suis retrouvé seul, face à mes souvenirs, face à cette partie de moi que j'avais perdue. Mais la trace de cette nuit, comme une marque indélébile sur mon âme, était restée. Un souvenir, une histoire, un écho qui résonnait à jamais dans le labyrinthe de mon cœur.
| Erza Muqoli |
Espanita Cortez
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